A l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, célébrée chaque 2 avril, Madagascar fait le bilan des progrès réalisés et des défis persistants pour l’inclusion des personnes autistes.
Fondée il y a dix ans, l’association Autisme Madagascar devenu Mouvement pour la Différence Autisme Madagascar a joué un rôle clé dans la sensibilisation et la reconnaissance de l’autisme dans le pays. Elle a permis de démystifier cette condition, souvent mal comprise, en affirmant qu’il ne s’agit ni d’une maladie ni d’une fatalité, mais d’une différence nécessitant un accompagnement adapté.
Depuis sa création, les efforts de sensibilisation ont porté leurs fruits : le nombre de familles informées a augmenté, et de plus en plus d’établissements scolaires acceptent désormais les enfants autistes. Alors qu’ils n’étaient que deux à les accueillir au départ, on en compte aujourd’hui plusieurs centaines, souligne Mbolatiana Raveloarimisa, présidente d’Autisme Madagascar.
Toutefois, les infrastructures d’accueil restent limitées et l’absence de couverture sociale pour les personnes en situation de handicap demeure une réalité préoccupante.
A ce jour, aucune statistique officielle sur l’autisme n’est établie à Madagascar. Toutefois, selon des données internationales, on estime qu’une personne sur 20 est autiste et que, parmi cinq personnes autistes, quatre sont des femmes. Chaque année, environ 8 000 enfants autistes naissent, soit un enfant sur 100.
Mbolatiana Raveloarimisa souligne que des progrès notables ont été réalisés. De nombreux établissements scolaires mettent en place des dispositifs d’inclusion pour les enfants autistes, et des centres d’accueil commencent à voir le jour. Pour faciliter l’accès à l’éducation, l’association publie chaque année un annuaire des écoles inclusives à Madagascar, aidant ainsi les familles à mieux s’orienter.
Cependant, le chemin reste long. « Il y a encore de la discrimination, mais nous avons aussi accompli de nombreux efforts », insiste Mbolatiana Raveloarimisa. Le manque d’assistants de vie spécialisés et l’insuffisance des structures d’accueil constituent des freins majeurs à l’épanouissement des personnes autistes. De plus, l’autisme n’est pas encore suffisamment pris en compte par les politiques publiques.
Rabearimisa Volatiana, engagée dans la cause depuis la création d’Autisme Madagascar, met en lumière une autre problématique : la prise en charge des adultes autistes. « Les parents jouent un rôle crucial, mais ils ne seront pas là indéfiniment. Qui prendra le relais pour ces enfants devenus adultes ? » s’interroge-t-elle. Jusqu’à présent, les efforts ont été principalement axés sur les enfants, mais il devient urgent de développer des structures d’accompagnement pour les adultes autistes.
Cette inquiétude est partagée par de nombreuses familles, qui redoutent l’avenir de leurs proches en l’absence de dispositifs de soutien adaptés. L’éducation inclusive est un premier pas, mais il est essentiel d’aller plus loin en mettant en place des formations professionnelles et des dispositifs d’emploi pour assurer une intégration sociale et économique durable des personnes autistes.
Si l’association Mouvement Autisme Madagascar s’est concentrée sur la sensibilisation à l’autisme, elle envisage désormais d’étendre son action à l’ensemble des handicaps. « Les familles d’enfants autistes rencontrent des difficultés similaires à celles d’autres situations de handicap. Il est nécessaire de travailler ensemble pour une meilleure reconnaissance et prise en charge globale », explique Rabearimisa Volatiana.
La Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme rappelle que l’inclusion ne repose pas uniquement sur la volonté des familles et des associations, mais nécessite un engagement fort des pouvoirs publics et de la société dans son ensemble. Comme le dit un proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant. » Pour les enfants et adultes autistes à Madagascar, c’est toute une nation qui doit s’impliquer.