Après des années de suspension, les travaux de relocalisation des tombes reprennent dans la commune de Tsianisiha, mêlant respect des traditions, inclusion communautaire et développement local, grâce à l’impulsion retrouvée du projet Base Toliara.
Sous le soleil ardent du sud-ouest malgache, un chantier pas comme les autres a repris son cours. À Tsianisiha, dans le District de Toliara II, les sépultures de familles locales, longtemps laissées dans l’incertitude après la mise en pause du projet Base Toliara, sont désormais en voie de renaissance. Dans les fokontany de Beravy Antsoity et de Tsiafanoka, les pierres se posent avec soin, les fondations se creusent avec respect. Il ne s’agit pas simplement de bâtir des tombes, mais de redonner corps à une mémoire enracinée dans l’histoire familiale et ancestrale.
Lorsque le projet Base Toliara avait été suspendu, les familles concernées par la relocalisation de leurs tombes se sont retrouvées dans l’attente, entre incertitude administrative et douleur mémorielle. « Bien avant même l’arrivée de Base Toliara, nos sépultures avaient été profanées. Voir aujourd’hui nos tombes reconstruites dans les règles, c’est un soulagement profond », confie Rabesoa Jean Victor, habitant de Beravy Antsoity.
L’autorisation récemment accordée par les autorités pour relancer le projet a ravivé l’espoir. Et sur le terrain, les travaux avancent désormais dans une atmosphère empreinte de respect, de concertation et d’implication communautaire.
Avant même le début des travaux de construction, les familles ont tenu à observer les rituels coutumiers, indispensables pour honorer les ancêtres. À Beravy Antsoity, ces cérémonies ont déjà été célébrées, ouvrant la voie à la mise en place des premières structures. À Tsiafanoka, les préparatifs battent leur plein : les alentours sont nettoyés, les matériaux sont acheminés, les équipes s’organisent.
Particularité de ce projet : les propriétaires des sépultures participent activement à la construction. Ayant suivi une formation en maçonnerie et en peinture de bâtiment, ils se réapproprient un savoir-faire tout en contribuant directement à la réalisation de leur patrimoine funéraire. Cette démarche d’autonomisation offre une double satisfaction : préserver l’intégrité culturelle et offrir de nouvelles perspectives d’emploi et de revenus.
Parmi ces nouveaux bâtisseurs figure Mahereza Férlin. Originaire de Tsianisiha, il fait partie de la première vague de jeunes formés grâce au projet. Fier de son apprentissage, il souligne l’impact concret de cette initiative sur l’emploi local. Les tombes de Beravy Antsoity devraient être achevées en moins d’un mois, grâce à l’efficacité des maçons issus de la communauté, tous rémunérés par Base Toliara.
À Tsiafanoka, Mbohoavy, lui aussi propriétaire d’une sépulture, témoigne de la qualité de la démarche : absence de contrainte, écoute des familles, implication à chaque étape. « Ce projet, nous l’avons attendu. Aujourd’hui, nous le vivons avec gratitude », affirme-t-il.
La dimension culturelle du projet n’est pas en reste. Base Toliara veille à ce que chaque étape s’aligne avec les valeurs et les pratiques traditionnelles. Une fois les nouvelles tombes achevées, des cérémonies seront organisées pour accompagner le transfert des restes mortels. Ces moments, empreints de solennité, seront pris en charge dans leur intégralité par l’entreprise, qui assure à la fois la logistique, les dépenses et la coordination des rites.
Dans un climat national souvent marqué par la défiance vis-à-vis des projets miniers, cette initiative de relocalisation des sépultures témoigne d’une autre voie possible. Une voie où développement, ancrage local et patrimoine immatériel peuvent cohabiter, s’enrichir et se renforcer mutuellement.
Deux fokontany concernés, sept tombeaux en cours de construction à Beravy Antsoity, plusieurs dizaines de jeunes formés et déjà intégrés sur le chantier, une prise en charge totale des cérémonies par Base Toliara : au-delà des chiffres, c’est une dynamique de résilience qui se met en marche.
En restituant aux familles leurs lieux de mémoire dans des conditions dignes, sûres et conformes aux coutumes, Base Toliara ne se contente pas de reconstruire des tombes. Elle participe à la réconciliation entre développement économique et respect des traditions. Dans les terres sablonneuses de Tsianisiha, chaque pierre posée marque non seulement le souvenir d’un ancêtre, mais aussi l’aube d’un avenir possible.