La vente des deux Airbus A340-300 d’Air Madagascar marque une étape décisive dans le redressement financier de la compagnie. Les fonds issus de cette transaction ont été placés sur un « compte de séquestre », une mesure destinée à assurer une gestion transparente et sécurisée des ressources, dans le cadre de la restructuration judiciaire supervisée par le tribunal de commerce depuis 2021.
Par définition, le compte séquestre est le compte bancaire sur lequel l’acheteur a versé l’acompte. Sauf en cas de restitution, la somme du séquestre est bloquée jusqu’à la signature de l’acte de vente définitif. Son montant est ensuite déduit du montant total de la vente.
Selon le ministre des Transports et de la Météorologie, Valery Ramonjavelo, qui s’est exprimé le 31 janvier, cette décision permet de garantir que l’argent généré par la vente sera utilisé exclusivement pour assainir la situation financière de la compagnie et honorer ses engagements auprès des créanciers. Avec une dette estimée à 100 millions de dollars (environ 500 milliards d’ariary), Air Madagascar cherche à maximiser les moyens de remboursement tout en évitant de nouvelles charges inutiles. Les deux avions, cloués au sol depuis la crise du Covid-19, n’ont jamais pu reprendre du service en raison des coûts exorbitants de leur remise en état, évalués à 20 millions de dollars. Face à cette impasse, le comité de gestion a choisi la vente via un appel d’offres, remporté par deux entreprises chinoises spécialisées dans le démantèlement aéronautique.
L’accélération du processus a été en partie motivée par un incident survenu le 19 novembre 2024, lorsqu’un départ de feu a été signalé à proximité des appareils. Bien que maîtrisé à temps, cet événement a renforcé la nécessité de conclure rapidement la vente. Le compte séquestre joue désormais un rôle central dans la stratégie de redressement. Il servira notamment de levier dans les négociations menées à travers l’assemblée concordataire, visant à réduire au maximum la dette de la compagnie. Dans le même temps, la restructuration se poursuit : Madagascar Airlines se consacrera aux vols domestiques, tandis qu’Air Madagascar retrouvera progressivement sa place sur le marché des liaisons régionales et internationales.
Avec cette démarche, les autorités affichent leur volonté d’instaurer une gestion plus rigoureuse des finances d’Air Madagascar. La transparence apportée par ce compte séquestre pourrait ainsi rassurer les créanciers et favoriser le repositionnement de la compagnie dans un secteur aérien en pleine mutation.